En juillet dernier, 12 acteurs de l’éducation et de l’edtech pitchaient leur projet à Station F, lors du Klassroom Edtech Day, pour remporter la 3e édition du concours des Trophées de l’Éducation. Les Trophées ? C’est le concours qui met à l’honneur et récompense les solutions éducatives de notre territoire. Ce jour-là, quatre startups se sont démarquées et ont su emporter l’adhésion du public !

Nous vous invitons aujourd’hui à la rencontre de Tako Kids, lauréat de la catégorie “De l’autre du miroir”, qui s’adressait aux solutions et outils à destination des enseignants et des écoles.

Eléonore Lacaille et Amélie Carrière, les fondatrices de Tako Kids, reviennent sur la raison d’être de leur magazine.

Qu’est-ce que Tako Kids ?

Eléonore

Tako Kids est un magazine de découverte pour les enfants de 7 à 12 ans qu’on a créé avec Amélie.

L’idée est d’avoir un thème central qu’on décline en huit rubriques. Il y a une rubrique par bras du poulpe pour permettre aux enfants de percevoir toutes les facettes du thème. On a ainsi une approche historique, une approche scientifique, une approche technique, une approche artistique… C’est toujours fait de façon fun et adaptée pour les enfants, c’est-à-dire qu’il y a des articles, des histoires, des BD, des activités, des expériences, des jeux, des activités créatives… Il y en a pour tous les goûts et toutes les envies. On a vraiment fait attention au contenu et, pour cela, on a travaillé aussi avec une vingtaine d’enseignants au moment de la conception du projet.

Amélie

C’est vraiment pour que tous les enfants puissent y trouver leur compte en fonction de leurs préférences. Il y en a qui aiment plus l’histoire, d’autres plus les sciences…

Eléonore

Souvent, les enfants à cet âge-là, entre 7 et 12 ans, ils ne sont pas comme les collégiens qui ont une passion très forte pour un sujet. Ils sont un peu curieux tout azimuts et ont une capacité très spontanée à faire des connexions. Tako Kids permet d’alimenter ces connexions en fonction de leurs goûts.

Comme tous les enfants, ils se jettent d’abord sur la partie qu’ils préfèrent du magazine. Et, plus tard, ils le reprennent en se disant : “Tiens aujourd’hui j’ai envie de faire l’activité, aujourd’hui j’ai envie de faire ça, j’avais pas vu cette partie là…” Ils se replongent comme ça dans le magazine et découvrent d’autres choses !

Qu’est-ce qui rend Tako Kids unique ?

Amélie

Je pense que c’est vraiment notre approche innovante, avec cette thématique qui est ensuite développée en plusieurs rubriques. C’est ce qui nous a permis de gagner ce côté “pour les enseignants” de la catégorie “De l’autre côté du miroir”. En classe, ils travaillent beaucoup en mode projet justement. Ils partent d’un projet qu’ils peuvent ensuite adapter à plusieurs matières, aussi bien la langue que les sciences ou la géographie, etc. C’est donc un outil finalement assez pratique pour eux parce qu’à partir d’un magazine ils peuvent accéder à plein de choses différentes. 

Eléonore

Comme on a été attentives à faire ces liens dans le développement et la construction de ce contenu, on a un produit qui est deux en un. C’est-à-dire que c’est à la fois pleinement un magazine de découverte pour les enfants, et un outil clé en main pour les enseignants.

Il y a les notions, parce qu’on présente vraiment du contenu de qualité : un spécialiste du thème nous accompagne à chaque fois. Et il y a des activités déjà toutes prêtes. Ils ont donc toutes les notions et les activités réunies sur un seul support. Et ce ne sont pas non plus des fiches un peu rigides, il y a vraiment une approche très fun, il y a beaucoup d’humour dans le magazine !

Pour le moment, je ne pense pas que ce soit quelque chose qui est très développé. Il y a bien sûr des mallettes pédagogiques mais, en général, c’est très scolaire et là on est à la croisée de deux univers.

Amélie

On a également fait attention à ce que tout ce qui est expérience bricolage soit vraiment accessible, qu’il n’y ait pas besoin d’avoir un matériel incroyable pour pouvoir mettre en oeuvre ce qu’on veut expliquer dans le magazine.

D’où vous est venue l’idée ?

Eléonore

Ça fait maintenant un peu plus d’un an qu’on a monté la structure – en juillet l’an dernier. C’est vraiment parti d’une envie commune. On se connaissait déjà avec Amélie, on est d’anciennes collègues, on s’est rencontrées dans notre précédent travail. On travaillait en binôme et ça fonctionnait vraiment bien entre nous. Au bout d’un moment, on s’est dit qu’on avait envie de se lancer dans un autre projet toutes les deux parce qu’on avait le sentiment d’avoir fait le tour.

On organisait des expositions dans un musée et on aimait beaucoup cette opportunité qu’on avait de pouvoir transmettre un contenu scientifique, artistique adapté à un grand public. Ça nous intéressait de pouvoir faire la même chose mais pour les enfants. Nous, à titre personnel, on a deux enfants chacune et on a la chance d’avoir des enfants très curieux qui posent beaucoup de questions. On vit dans un monde aujourd’hui qui est complexe, on a accès à plein d’informations et c’est intéressant de pouvoir choisir un thème fort, un thème porteur qui emporte les enfants et dont on explore toutes les facettes.

C’est donc comme ça qu’on a créé Tako Kids et qu’on a choisi comme mascotte un petit poulpe. Tako veut dire poulpe en japonais. On s’est dit que c’était très chouette d’avoir cette figure d’identification qui ne serait pas un petit humain pour que tous les enfants, quels soient leurs goûts, leurs envies, puissent aussi s’y identifier facilement.

 

Amélie 

Un enfant qui lit Tako Kids

C’est vraiment une envie de donner à voir aux petits curieux. La référence qu’on a généralement c’est Jamy dans C’est pas sorcier. Nous on a un bagage professionnel et académique qui nous permet d’aller chercher des sources, de les analyser, de les restituer, de faire appel à des spécialistes, sans l’être forcément nous-mêmes. Mais c’est un travail qui nous permet de rendre ça très accessible pour les enfants. On a d’ailleurs pas mal de parents qui nous disent : “C’est génial parce que notre enfant se régale mais nous aussi on a appris des trucs”. C’est de 7 à 77 ans, et pas de 7 à 12 ans !

On partait aussi du constat que la presse jeunesse actuelle laissait un petit peu ça de côté parce qu’il y a soit une presse très divertissante, soit une presse déjà très spécialisée, orientée sur l’histoire ou la nature par exemple. On voulait garder cette curiosité tous horizons qu’ont les enfants.

Un succès à partager ?

Eléonore

On est encore au début de l’aventure donc c’est pas mal de petits succès ! Mais je dirais les Trophées de l’Education, quand même ! Le secteur de la presse est complexe et trusté par de gros acteurs donc ça donne une vraie visibilité à notre projet et ça confirme la légitimité de notre approche.

L’autre succès que je mentionnerais, c’est qu’on est vendu dans de plus en plus de librairies et de boutiques de musées. On est en particulier vendu à la boutique du Château de Versailles et pour moi c’est un joli clin d’oeil parce que c’est là que j’avais fait mon premier stage en tant qu’étudiante en histoire de l’art. C’est le début d’un nouveau cycle qui recommence au même endroit. Je trouve ça assez chouette comme petit clin d’oeil de la vie !

Bookinou, remise du prix des Trophées de l'Education

Amélie

C’est vrai que comme on est passionnées d’art, on est assez fières dès qu’on a un point de vente dans une boutique de musée – par exemple on est aussi au Musée des Impressionnismes à Giverny !

Dernier succès qu’on pourrait partager : ces derniers temps, on a eu des retours des enfants sur le numéro 2, ils nous ont même dit qu’il était encore mieux que le premier ! Ils s’y sont plongés, ils ont adoré leur petite carte pop-up… C’est chouette de le savoir, c’est déjà énorme !

Eléonore

Oui parce que c’est quand même pour eux qu’on le fait ! C’est le plus beau des succès.

Tako Kids, sur la scène des Trophées de l'Education

Que représentent les Trophées pour vous ?

Eléonore

On a commencé par s’adresser au public individuel. Mais, comme je te le disais, on a bénéficié du regard éclairé d’une vingtaine d’enseignants pour mettre le projet en place, au moment de concevoir Tako Kids. On sentait qu’il y avait un vrai enthousiasme de leur part ! On s’est donc posée la question de décliner, développer le projet vers cette approche scolaire.

C’est pile à ce moment-là qu’on a entendu parler des Trophées de l’Education ! C’est un peu comme s’il y avait eu là aussi un petit clin d’oeil de la vie qui nous disait que c’était une bonne direction à prendre.

Cela confirme cette intuition qu’on avait de se dire que notre projet pouvait avoir plusieurs facettes. Cette facette-là va sans doute être une facette importante pour l’année scolaire qui vient !

Quels sont vos défis du moment ?

Eléonore

C’est ce pack enseignants qu’on est en train de préparer, qu’on va lancer ! Les autres défis, ce serait de tenir sur la longueur donc de pouvoir sortir un numéro tous les deux mois. On est en train d’écrire le numéro 3. Et également de toucher un public de plus en plus large, on espère !

Amélie

Comme beaucoup d’entrepreneurs, on est multi-casquettes et c’est vrai que le développement de cette offre pour les enseignants a demandé un vrai travail d’adaptation. C’est quelque chose qu’on est très contentes de pouvoir lancer et c’est donc le gros challenge de la rentrée et des mois qui viennent… tout en continuant à avancer sur les autres projets !

On voudrait garder le cap pour suivre ce développement, on espère le plus longtemps possible, sachant que l’édition jeunesse est un secteur où il y a beaucoup d’acteurs. Il faut donc trouver notre place mais on s’adapte en fonction des retours qu’on a. Mais je pense aussi que la vie d’entrepreneur, c’est de savoir s’adapter, donc on fait ça au quotidien !

Le mot de la fin ?

Amélie

Si on arrive à garder le cap et à faire connaître toujours plus le magazine, on a plein d’idées pour la suite ! On voudrait faire des podcasts, des kits pour pouvoir mettre encore plus concrètement en place ce qu’on développe dans chaque magazine.

Eléonore

On a plein d’idées pour continuer à cultiver l’émerveillement des enfants et leur permettre de multiplier leurs talents ! C’est l’un de nos slogans et c’est vraiment quelque chose qu’on a très envie de continuer à faire. On procède étape après étape, donc là on se concentre d’abord sur le développement du magazine. Mais, comme dit Amélie, on a vraiment plein de pistes de développement à étudier dans un second temps et… on a hâte !

Tako Kids est une publication indépendante 100 % conçue et fabriquée en France, avec des numéros thématiques et intemporels qui peuvent se lire au long cours, année après année. Les premiers numéros sont consacrés aux jardins extraordinaires et à la magie des livres. Le prochain se penchera sur l’optique… Abonnez-vous pour en prendre plein les yeux !