En 4e année d’études d’ingénierie robotique à l’université de Bath en Angleterre, Clara est la seule fille de sa promotion. Elle a donc plus que conscience de la nécessité d’en parler, de démystifier la tech et de donner envie à toutes et tous de se lancer dans des études aussi passionnantes ! Rencontre avec une étudiante qui se souvient bien de qui on est à 15 ans, quand notre avenir dépend de nos moyennes et qu’on doit faire des choix pas toujours évident (cc Parcoursup).

Comment as-tu choisi ton cursus ?

Je savais depuis très jeune que je voulais faire des études scientifiques. Quand j’étais au collège, j’avais des bonnes notes en maths, en physique, donc c’était un peu évident pour moi que je voulais travailler là-dedans.

Surtout, je me suis intéressée à l’intelligence artificielle à ses débuts. C’était toujours dans un coin de ma tête donc quand j’ai vu que ce cursus existait, en ingénierie robotique, je me suis dit pourquoi pas ! J’ai découvert qu’au fond, même si ça paraît très précis, c’est un cursus assez vaste parce qu’il y a beaucoup d’électronique, de mécanique, d’informatique. Je suis très contente de m’être retrouvée dedans parce que j’ai pu étudier l’ingénierie de manière très générale.

Qu’est-ce que tu étudies cette année ?

Pendant tout le 2e semestre, on n’a pas de cours, on a juste un projet de groupe. Dans mon équipe, on doit fabriquer un capteur de météo. Les autres années, j’ai fait beaucoup d’électronique, ce que je n’aimais pas forcément. Je préfère de loin l’informatique, je sais coder en Python et j’ai plus envie de continuer là-dedans.

Des étudiants travaillent sur un projet

C’est grâce à ce cursus en Angleterre que je m’en suis rendu compte. En 3e année, on fait juste des stages, il n’y a pas de cours. J’ai fait un stage de 6 mois à Paris dans deux entreprises : une qui produit des drones et des robots militaires, des applications militaires, notamment de déminage.

Et une autre qui fait aussi des drones mais pour les particuliers. Dans ces 2 stages, j’avais des rôles où je devais beaucoup coder. C’est là que j’ai découvert que j’aimais vraiment ça.

Quelles difficultés as-tu pu rencontrer ?

Je pense que les plus grosses difficultés que j’ai rencontrées, c’était surtout au lycée. Je disais que j’avais des bonnes notes en maths, en physique quand j’étais au collège, mais quand je suis arrivée au lycée, mes notes ont dégringolé. J’ai failli ne pas passer en filière scientifique. J’ai fini par y arriver mais mes profs de physique et de SVT me disaient que je n’avais pas ma place, que je n’y arriverais jamais, que j’aurais dû aller en filière technologique.

C’était assez dur mais j’ai décidé de pas les écouter, je me suis battue et j’ai finalement réussi à avoir une mention très bien ! Mais c’était très dur, j’avais 16 ans, je ne connaissais rien à la vie et mes profs me disaient que je ne pourrais jamais être ingénieur… Alors qu’à l’université, je n’ai jamais rencontré de jugement ! J’avais assez peur en arrivant, surtout quand j’ai appris que je serais la seule fille. Mais je n’ai jamais souffert de misogynie dans mon cursus !

Etudier l'ingénierie robotique à l'Université de Bath - Photo des bâtiments

Qu’est ce que tu dirais à une fille au collège pour lui donner envie de faire tes études ?

L’ingénierie est très vaste et personne ne sait vraiment exactement ce que c’est, mais ça ouvre finalement énormément de portes. Je dirais même que je pense c’est un des diplômes qui ouvre le plus de portes, qu’on soit doué en maths ou pas.

Une école d’ingénieur, je trouve que c’est la meilleure chose à faire. Même si après ce n’est pas ce qu’on veut faire, on a tout appris et on peut faire n’importe quoi ! On apprend tellement de choses différentes. On peut faire n’importe quel métier avec.

Quelles différences entre l’ingénierie en France et en Angleterre ?

Les écoles d’ingénieurs en France sont très différentes de celles en Angleterre. En France, on a le système des classes préparatoires et des grandes écoles. On se spécialise finalement assez tard. Alors qu’en Angleterre on se spécialise plus ou moins dès le début.

Ils sont bien plus portés sur la partie pratique plus que sur la théorie. D’où cette année de stage qu’on a en 3e année. Enfin. À ce moment-là, je n’avais qu’un bac +2 et j’étais déjà lancée dans le monde du travail avec des stages de 6 mois. Je me suis retrouvée à travailler avec des gens qui étaient en stage de fin d’études et on faisait la même chose. Je pensais que j’aurais beaucoup de retard par rapport à eux, mais en fait pas tant que ça ! Je manquais peut-être un peu de connaissances en mathématiques mais tout ce qui est savoir-être, le fait de s’adapter, d’être autonome, je l’avais déjà intégré.

Etudier l'ingénierie robotique à l'Université de Bath

Une personne qui t’a particulièrement inspirée ?

Etudier l'ingénierie robotique à l'Université de Bath - Photo du campus

Je savais depuis longtemps que je voulais être ingénieure, mais je ne savais pas exactement de quoi. C’est mon père qui m’a parlé de l’intelligence artificielle, des robots, qui m’a dit que c’était l’avenir. C’est là que j’ai commencé à me renseigner et à réaliser à quel point c’était intéressant.

J’ai aussi fait un stage d’observation en 2nde, en data science, et toutes les personne dans l’équipe ont été absolument incroyables. Ils m’ont vraiment donné envie de continuer, de pouvoir travailler dans un milieu comme celui-ci.

Qu’est-ce que tu fais pour décrocher de la tech, des écrans, du code ?

Je fais du sport. Je vais à la salle presque tous les jours. En ce moment je travaille énormément, donc le seul moment un peu hors de la technique et des études.

Un podcast à recommander ?

Comptoir IA ! C’est une conversation ouverte entre la personne qui interviewe et celle qui interviewée, sur des sujets d’IA. Ils ont fait toute une chronique quand il y avait eu le drame de Open IA et de Sam Altman par exemple.

Le mot de la fin ?

De ne pas se laisser décourager par les notes qu’on a au lycée. En première, j’avais une mauvaise moyenne en maths et en physique et pourtant j’ai réussi à trouver l’école que je voulais ! J’ai lu une étude qui disait que c’était souvent ça qui décourageait les filles à se lancer dans des études d’ingénieur. Un garçon qui est nul en maths, on va plus l’encourager à se bouger et avoir des meilleures notes, alors qu’une fille, si elle est nulle en maths, on va plus la pousser vers les études littéraires, vers des matières moins scientifiques. Si on se on se sent pas épaulé par les professeurs et que les notes ne suivent pas, tant que nous on y croit, c’est le plus important. Il n’y a pas de raison pour qu’on ne se retrouve pas dans les études qu’on veut !

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